Thiers (63)
Lutte contre le chômage
« Je n’avais pas prévu de devenir chef d’une Entreprise à But d’Emploi (EBE), mais je suis fière d’être de l’aventure ! », s’enthousiasme Laure Descoubes qui ne s’économise pas à la tête d’Actypoles Thiers, dans le Puy-de-Dôme, l’une des dix EBE nées de la loi d’expérimentation “Territoires zéro chômeur longue durée”.
Ce dispositif national, imaginé par ATD-Quart Monde, est testé pour cinq ans sur dix micro-territoires. Il a très vite été appuyé par France Active. « Son caractère innovant, son ancrage dans les territoires, la démarche collaborative associant acteurs privés et publics et surtout la volonté de lutter contre le chômage de longue durée… Tout cela correspond à l’ADN de France Active », énumère Laura Santotide, chargée de financement.
Son principe ? Proposer aux personnes volontaires, privées d’emploi depuis plus d’un an sur un territoire, une activité adaptée à leurs envies et leurs compétences. « Il s’agit de faire une proposition d’embauche en CDI, rémunérée au Smic, à toutes les personnes privées durablement d’emploi, qu’elles soient ou non inscrites à Pôle emploi », précise Daniel Le Guillou, vice-président d’Actypoles Thiers et chargé de mission pour ETCLD, l’association qui gère le fonds d’expérimentation, financé par l’État pour cinq ans. À terme, il est prévu que la réallocation des dépenses et des manques à gagner liés au chômage durable financent une partie du dispositif.
Parallèlement, les activités créées doivent remplir deux conditions : être utiles au territoire et répondre à des besoins non satisfaits par l’initiative privée, principalement en raison d’un manque de rentabilité.
Dans les anciens locaux d’une usine de coutellerie, l’EBE auvergnate chapeaute les premières activités initiées par ses salariés : reconditionnement informatique, garage solidaire, pôle “nature” ou “patrimoine”. Une cinquantaine de personnes ont déjà été embauchées dont 45 à temps plein. Les dernières concernent 7 couturières des Bébés Lutins. L’activité de création et confection de gamme de couches lavables avait du mal à trouver repreneur. « Non couverte sur le territoire, la reprendre s’est imposée à nous », témoigne Laure Descoubes qui n’exclut pas qu’elle sorte à terme du dispositif.
Toutes les personnes embauchées viennent de deux quartiers où le revenu annuel médian ne dépasse pas 10 000 €. « En marge du marché du travail depuis longtemps, il faut les accompagner dans leur nouvelle vie, professionnelle et personnelle », poursuit la co-directrice. À Thiers, « l’initiative va créer beaucoup d’emplois sur un territoire qui a souffert de la liquidation d’entreprises de coutellerie et d’une forte chute de sa population », relève Benjamin Preteseille, chargé de mission à France Active Auvergne. Objectif à terme : créer 200 emplois sur cinq ans. De sa réussite dépendra l’essaimage du modèle à l’ensemble du territoire !